Cuba : Santiago

Adrien : Nous avons atterri à Cuba sur la côte Nord, à Puerto de Vita. La marina est au fond d’une baie dans la mangrove, très enfoncée dans la terre. Après nous être amarrés à l’unique ponton du port, nous sommes soumis aux (très) longues et minutieuses formalités administratives cubaines et nous n’avons pas le droit de poser le pied sur le territoire avant de les avoir faites ! C’est donc un bureau à domicile qui s’installe avec l’amusant défilé du médecin (qui prend à chacun notre température !), suivi de l’officier, suivi du chien anti-drogue (un cocker, je me m’attendais pas à ça) et de l’inspecteur de légumes (représentant du Ministère de l’Agriculture) qui est venu vérifier que nos tomates n’étaient pas pourries !! 😂 Le téléphone satellite est mis dans un sac avec bande de garantie et l’officier fait une collection de photos de nous et du bateau. Encore quelques petites « recommandations » (pas le droit d’accueillir des cubains à bord, ni de sortir notre annexe) et cette fois, c’est bon, on a le droit de débarquer à Cuba !

Après ces formalités peu communes, nous montons “visiter” la petite marina. En fait il n’y a pas grand chose, mais Janett, la gérante, nous accueille très gentiment.

Le lendemain, nous commandons un taxi à Janett pour visiter la petite ville la plus proche. Car la marina est un peu loin de tout à part d’une route avec quelques maisons sur les côtés. Nous partons donc pour Santa Lucia dans une voiture américaine Ford de 1956 (avant l’embargo) rutilante et magnifique. La classe !

Santa Lucia est plutôt sympa. C’est une petite ville rurale avec plein de petites calèches à cheval. Nous l’avons parcourue un dimanche donc ce n’était pas super animé.

Brunehilde : Si, il y a un endroit où se concentre un peu de monde, c’est la place du village, spot wifi Etecsa ! Cuba à l’une des plus mauvaises connexions du monde ; l’accès à internet est limité à une minorité de cubains et à certains lieux publics dont les places où se retrouve donc des têtes rivées à leur portable… Véritable phénomène de société que l’on retrouvera dans toutes les autres villes. Etecsa est l’opérateur qui détient le monopole des communications ; c’est une société d’État bien sûr. Alors on achète nos petites cartes Etecsa et on tente de se connecter avec le numéro à gratter comme tous les cubains… Pour Adrien, c’est le summum de la privation de liberté !

Adrien : Les cubains sont ultra fier de leur révolution et l’Etat met le paquet sur la propagande ! ¡Hasta Siempre La Victoria! et tout le blabla. Tout de suite, les gens sont d’une gentillesse incroyable avec nous ! Un monsieur nous a même offert des haricots verts qu’il était censé nous vendre.

Le lendemain matin, on se lève à 5: 30 du matin. On quitte le bateau pour 2 jours d’excursion, direction Santiago de Cuba au sud de l’île.  On reprend le taxi de la veille pour Holguín, la 3ème ville de Cuba, et de là nous prenons le bus pour Santiago de Cuba, qui est elle, la 2nde ville du pays. On traverse l’île dans toute sa largeur, un voyage de 3h30 qui s’est bien passé, même si l’autopistanational est très accidentée et que du coup ça bouge un peu comme dans le bateau…

A Santíago, Papa a réservé une chambre dans une casa particular dans le centro cuidad (centre ville). Nous avons été accueillis par Oreste, sa femme, sa fille et la dame qui les aide à tenir la maison. Ils ont tous été très gentils avec nous et nous ont montré notre mini-studio. Mais bon, il avait beau être mini, c’était plus grand que le bateau !

Santíago est une grande ville chargée d’histoire. Par exemple, c’est là bas que Fidel Castro et toute sa troupe ont fait leur première attaque pour la révolution. Qui s’est d’ailleurs avérée être un fiasco total : beaucoup de ses compagnons ont étés capturés par les soldats de Batista et ont étés torturés. Fidel a fait un discours de 4h pour défendre sa cause. Il a été condamné à 12 ans de prison mais a été libéré au bout de 2 ans, car Fidel était quand même né dans une bonne famille. Papa a visité le musée de la Moncada (la caserne qui a été attaquée) et vous en dira plus.

Grégoire : La révolution cubaine commence à Santiago le 26 Juillet 1953. Fidel Castro, alors tout jeune avocat, accompagné de 80 combattants, dont son frère Raul qui, à 18 ans, est déjà un cadre du mouvement révolutionnaire, attaque la caserne de la Moncada qui est la plus grosse réserve d’arme du pays. Il planifie l’attaque en plein Carnaval, pensant que les militaires seront à cuver leur rhum. L’opération est un fiasco total et 61 des camarades de Fidel sont tués, mais le procès donne à Fidel Castro une tribune inespérée pour exposer au peuple cubain ses idées et ses ambitions. Libéré au bout de 2 ans, Fidel s’exile pour préparer la contre attaque. Il revient en 1956, avec une poignée d’homme, en débarquant à bord d’un bateau de croisière, le Granma qu’il a acheté, et commence alors une lutte armée,  qui va peu à peu emporter le pays, jusqu’à la chute du dictateur Batista en 1959. C’est pendant cette période que Che Guevara rejoindra Castro et deviendra un des chefs militaires du mouvement castriste.

Aujourd’hui, les Castro laissent peu à peu le pouvoir, mais l’héroïsme et les fondements de cette révolution, qui ont été savamment cultivés et glorifiés depuis des décennies, font que beaucoup de Cubains, s’ils aspirent à beaucoup plus de libertés, s’ils ont un impérieux besoin de développement économique, voire de développement tout court, ne sont pas prêts à ce que cela se fasse n’importe comment et en tout cas au détriment de leur indépendance. Comme nous a dit Rodrigo, 35 ans, qui tient une petite table d’hote chez lui à Puerto de Vita : « On veut du changement, « Step by Step ». On ne veut pas redevenir une annexe des Etats-Unis, comme est devenu Porto Rico ! »

Adrien : Nous nous sommes donc promenés dans la ville toute l’après-midi dans les rues colorées et animées de la ciudad. Il y avait beaucoup de vieilles voitures américaines comparables à notre taxi et surtout beaucoup TROP de motos anciennes qui puent l’essence et la pollution à des kilomètres à la ronde. Pourtant on vient de la ville, mais c’était un peu too much.

Brunehilde : Il faut avouer que toutes ces belles voitures sont très photogéniques, mais en vieillissant assez polluantes… La vente de véhicules neufs aux particuliers est possible depuis 2014 mais, vu le prix,  bien peu de cubains peuvent se permettre l’acquisition d’une voiture neuve. En attendant, voici une petite sélection de ces belles américaines et ces bonnes vieilles Lada !

Adrien : Santíago est une grande ville qui ne vit pas seulement pour les touristes, c’est une ville qui vit aussi de par elle même. Et c’était sympa, surtout pour Maman (vous la connaissez…) qui veut tout faire comme les autochtones !

Adrien : Un matin, nous sommes allés au Castillo del Morro une forteresse à l’entrée de la baie de Santiago du temps où les corsaires et les pirates venaient piller la ville. Elle a été construite par le «Vauban» espagnol. Nous y sommes allés en taxis car c’était à 12km. Notre taxi était une vieille LADA défoncée comme pas possible. Dans la descente, Papa a eu peur qu’il n’y ait pas de freins ! La forteresse est très belle, bien conservée et les pancartes sont très intéressantes ; on y apprend que les cubains étaient sous l’oppression des colons espagnols avant de passer sous celle de Batista et de l’Amérique. On comprend  leur ras le bol et leur envie d’indépendance… Et en plus, de la citadelle, on avait une belle vue sur l’entrée de la baie.

Un soir nous sommes allés dans une salle où il y avait un groupe qui faisait de la musique cubaine. C’était très sympa et les musiciens nous ont laissé faire des percussions ! 🎶🎵🎺

Après ces 2 jours à Santíago de Cuba nous avons refait le chemin inverse pour retrouver notre bateau qui, après tout n’est pas si mal ! Le soir, on laisse les parents se faire un petit resto en amoureux ( pour une fois qu’ils peuvent se débarrasser de nous !) : un monsieur taxi fait aussi des repas derrière sa roulotte à la sortie de la marina. Menu langouste grillée, ils sont ravis !

Le surlendemain, nous mettons les voiles à destination des cayos, une succession de micros ilots paradisiaques au nord de l’île…

Une réflexion sur “Cuba : Santiago

  1. Merci pour ce grand cours d’histoire. On aurait bien aimé voir Grégoire invité Brune à danser mais on comprend qu’il était attiré par les petites fesses en l’air de la cubaine à la robe orange.

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